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Le fils aîné (2022)

d'Alexandre Vampilov





Alexandre Vampilov.

Alexandre Vampilov est l'un des dramaturges russes les plus marquants de la période poststalinienne.
Bien que mort jeune accidentellement en 1972, il a laissé plusieurs oeuvres importantes qui ont remporté de grands succès dès son vivant, comme Les Adieux en Juin, Dernier été à Chulimsk, Anecdotes provinciales ou Le Fils aîné.
Son intérêt pour les sujets simples, les personnages du tout venant, la peinture discrète et subtile qu'il propose de la vie intime de chacun fait penser au théâtre de Tchékhov.

Extrait du magazine

texte

Extrait de la revue logo idf75du 21 mars 2022

« Le Fils Aîné ».
Une histoire de famille dans le registre de la schizophrénie.

Voilà une intéressante pièce de théâtre qui fait titiller et vibrer nos émotions. Mise en scène par Viviane Fines, elle est jouée par une jeune compagnie parisienne Les Ateliers du Théâtre.
Le ressort de la pièce est celui d’une fiction qui devient réalité.
Thème cher à Alexandre Vampilov, auteur russe du 20ème siècle, plébiscité en Russie, méconnu en France. Auteur audacieux dans ses choix de sujets de société et, dans sa verve, il pourrait être à égalité au très estimé Tchekhov.
Le Fils Aîné. Une histoire invraisemblable
Dans une bourgade modeste et glaciale de Sibérie, deux étudiants, deux compagnons d’infortune, cherchent refuge dans un appartement communautaire pour y passer la nuit sans bourse déliée.
Au sein de la famille d’accueil enfin dénichée, un mensonge des deux insouciants, les conduit à vivre, et nous faire vivre, une affaire de famille insensée.
On se retrouve campé au cœur d’un petit groupe d’humains, une famille russe modeste dont le père est déchiré par l’envol de ses deux enfants légitimes vers d’autres lieux, et celle d’une nouvelle famille tout juste inventée. On prend la peine de s’y attacher, de s’en approcher d’assez près, pour pénétrer les histoires qui constituent chacun de ses membres.
La sincérité de jeu des protagonistes, le père fictif étonné (D. Jonemann) et le fils aîné fictivement retrouvé, (JB. Jonemann) est à fleur de peau. Celle des deux enfants légitimes du père l’est aussi. On a envie de croire à cette histoire, qu’elle soit vraie, tant les acteurs sont émouvants dans leur interprétation.
Cette histoire de famille inventée nous tient en haleine jusqu’à la dernière minute.
L’âme russe, sa mélancolie, ses sensibilités, ses tourments sont exprimés et dévoilés avec pudeur.
On boit beaucoup pour oublier. La Vodka coule à flots. Pour se rassembler surtout dans une chaleureuse et conflictuelle ambiance familiale, car dans cette contrée exilée de Russie, il n’y a pas place à beaucoup d’autres distractions.
Les acteurs principaux, Père et Fils aîné mais aussi les personnages secondaires jouent talentueusement leur partition. L’avenir s’annonce plein d’espoir pour eux.
Compagnie à suivre sur d’autres planches…
Geneviève Guihard